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Le Hard Rock au service de Russie Unie. "Le Journal du Dimanche" Le parti du pouvoir a organise hier un festival de Hard Rock intitule « Gloire a la Russie » dans un stade destine a accueillir 50 000 personnes
Le patriotisme professe par les organisateurs contrastait avec la xenophobie virulente d’un des groupes
« Gloire a la Russie » est le cri de ralliement des skinheads russes, dont le nombre (et les victimes) ne cesse d’augmenter d’apres les ONG russes. C’est aussi desormais le nom d’un festival organise par Russie Unie, le parti quasi-unique detenant les deux tiers du parlement russe. S’efforcant de seduire la jeunesse a l’approche des legislatives de 2007, Russie Unie fait appel a 10 groupes de Hard Rock « qui partagent nos valeurs ».
Le critere ? « Les groupes doivent avoir des chansons patriotiques dans leur repertoire et jouer du Hard Rock » explique Dmitri Dobrynine, charge de la selection. « Ils jouent tous gratuitement ». Sur le plan ideologique, le festival est moins regardant. Le groupe Kruger, une des tetes d’affiche, indique sur son site internet qu’il fait partie de la « fraternite d’acier » dont le dessein est de lutter contre l’influence « d’organisations politico maffieuses et d’oligarques rampants issus d’anus judeo maconniques ».
Hier a 17h, un tiers du stade etait rempli d’une foule de jeunes amateurs de Hard Rock, longues chevelures, cuir et clous. Moyenne d’age : 18 ans. Ambiance calme, aucun skinhead a l’horizon. Hormis les drapeaux du parti Russie Unie agite par certains, le public arbore peu de signes d’appartenance politique.
« Les jeunes qui sont venu aujourd’hui sont apolitiques » assure l’organisateur du concert Andrei Kovalev, membre de Russie Unie. A tous hasards, un stand d’inscription au parti a ete dresse non loin de la scene. « Nous leur offrons la possibilite d’ecouter la musique qu’ils aiment. Le hard rock est populaire mais c’est un tout petit business contrairement a la variete et il est tres difficile d’organiser un concert a Moscou » explique ce musicien membre du groupe Piligrim (Pelerin), egalement a l’affiche du festival. Pourquoi l’immense banniere de Russie Unie a droite de la scene ? « C’est le seul parti a soutenir le Hard Rock » justifie tout sourire Andrei Kovalev, egalement depute du conseil municipal de Moscou. Se sentant entraine plus loin sur le terrain politique, il prend les devants « Le festival est la pour defendre l’idee d’une Russie multiethnique comme l’a dit notre president Vladimir Poutine. Russie Unie s’oppose au chauvinisme et au racisme ». Sait-il que le groupe Kruger professe des idees extremistes ? « Non, je l’ignorais. Ils doivent etre un peu idiots » plaisante-t-il avant de se sauver pour une interview avec la television d’Etat.
La limite entre patriotisme et xenophobie n’est pas claire pour tous. « Kruger, c’est le principal groupe de rock patriote en Russie » crie Vadim, 17 ans, devant la scene. « Il devrait y avoir plus de groupes comme ca ». A ses cotes, Valeria, une charmante blonde de 16 ans trouve « tres positif que les autorites soutiennent un festival de rock. » Prenant soudain un air serieux, elle ajoute « Je ne suis pas skinhead. Je n’ai rien contre les juifs, les caucasiens ou les africains tant qu’ils vivent dans leurs pays. Mais ils n’ont rien a faire ici. » Lundi dernier, un attentat a la bombe commis par de jeunes nationalistes russes sur un marche de Moscou a tue 11 personnes.
Emmanuel Grynszpan, a Moscou
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